7) Chapitre III De la peste: sa cure et les mesures préventives

Note utilisateur:  / 0
MauvaisTrès bien 
Catégorie : La Médecine Prophétique
Affichages : 3218

LA MEDECINE PROPHETIQUE

Par IBN QAYYIM AL JAWZIYYA

 

Chapitre III


De la peste: sa cure et les mesures préventives


II est mentionné dans les deux «Sahihs» d'après Amer Ben Said Ben Abi Wakkas rapportant d'après son père qu'il l'a entendu demander à Oussama Ben Zaid: «Qu'as-tu entendu le Prophète, que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui, dire à propos de la peste?». Oussama répliqua: «Le Prophète, que la paix et la bénédic­tion d'Allah soient sur lui, a dit: «La peste est un supplice infligé à un groupement du peuple d'Israël et à ceux qui vous ont précédés. S'il vous parvient que la peste a éclaté dans un territoire quelconque n'y entrez pas et s'il se déchaîne dans un territoire où vous vous trouvez, ne le quittez pas en vue de la fuir(1).
Dans les deux «Sahihs», est relaté de même d'après Hafsa fille de Syrin: «Anass Ben Malek a dit: «Le Prophète, que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui, a dit: «La peste est le martyr de tout musulman»(2). En effet, la peste constitue un genre d'épidémie. Selon les médecins, elle est une tumeur novice et fatale accompag­née d'une inflammation intense qui provoque des poussées douloureuses excessives jusqu'à ce que les zones entourant cette inflammation deviennent majoritairement noires, vertes ou ternes et finissent par être lésées rapidement.
(1) C'est la méthode adoptée jusqu'à nos jours pour se prémunir de la peste. Si un village est frappé par ce fléau, on y établit une quarantaine sanitaire qui empêcherait toute personne d'en sortir ou d'y entrer excepté les médecins et leurs conjoints. De la sorte, la maladie est bridée et ne pourra plus se propager en dehors du village alors que les malades sont cernés dans un endroit unique où il serait facile de les surveiller et les traiter.
(2) On comprend par ce hadith que tout musulman qui périt à cause de la peste sera mort en tant que martyr.
 

 

Dans la plupart des cas, elle est localisée en trois endroits: aux aisselles, derrière les oreilles et le bout du nez et dans la chair molle.
Dans un hadith rapporté par Aicha qu'elle a demandé au Prophète, que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui: «Nous avons connu l'acte de poignarder, qu'est-ce donc la peste? Et le Prophète rétorqua: «Une glande pareille à celle du chameau qui se manifeste dans les parties molles du ventre et dans les aisselles».
Les médecins ont dit: Si la furoncle atteint la chair molle et les aisselles, le revers de l'oreille ou le bout du nez, elle s'appellerait: la peste. L'apparition de la peste est corrélée à la présence de sang défectueux qui tend à être pourri et qui se transforme en une essence qui corrompt l'organe et l'altère. Peut-être suinterait-il du sang et du pus et affecterait-il le cœur d'un état défectueux et provoque ainsi le vomissement, le frémissement convulsif et l'évanouissement. Cette appellation bien qu'elle englobe toute tumeur qui nuit au cœur, concerne ce qui affecte la chair des glandes car la peste est défectueuse à tel point qu'aucun organe ne l'accepte sauf s'il est moins faible de par sa nature. La peste la plus mauvaise est celle qui se manifeste dans l'aisselle et derrière l'oreille car ces zones sont proches des organes essentiels. La peste la moins novice est la rouge puis la jaune; quant à la noire, personne n'y échappe.
Puisque la peste s'accroît dans les épidémies et les pays qui font souvent la guerre et s'exprime par l'épidémie comme Al-Khalil qui a dit: «L'épidémie: la peste» On a dit: C'est toute maladie qui se diffuse largement.
La vérification de ceci est la relation entre l'épidémie et la peste généralement et spécifiquement car toute peste est une épidémie mais toute épidémie n'est pas peste. Ainsi, les maladies générales englobent-elles la peste.
Les pestes sont des abcès, des lésions et des tumeurs défectueuses qui se manifestent dans les endroits précités. Ces lésions, ces tumeurs et ces abcès sont les traces de la peste mais non la peste en elle-même.
Mais les médecins, n'ayant saisi que l'aspect externe de la peste, ont estimé que ces traces sont l'essence même de la peste.
La peste s'exprime de trois manières:
 

Premièrement: Cette trace est apparente; elle est celle que les médecins ont mentionnée
Deuxièment: La mort qui en résulte. C'est la visée du hadith authentifié: «La peste est le martyre de tout musulman».
Troisièment: La cause provocatrice de cette maladie.
Dans le Hadith, est cité: «Elle est le reste d'un supplice infligé au peuple d'Israël», «C'est le picotement des djinns», de même est cité:
«C'est la supplique d'un prophète».
Les médecins ne disposent d'aucun moyen capable de repousser ces indispositions et ces causes de même qu'ils ne disposent d'aucun moyen qui les indiquerait.
Les Envoyés révèlent ce qui est inconnu et ne disposent d'aucun moyen pour prouver que les traces de la peste qu'ils ont dépistés se produisent par l'intermédiaire des âmes car l'influence qu'exercent les âmes sur la nature, ses maladies et son périssement n'est reniée que par les plus ignorants en matière des esprits et leurs agissements sur les corps et les caractères qu'ils pourraient créer.
Allah, qu'il soit glorifié pourrait attribuer à ces âmes un effet qu'elles déploieront dans les corps humains: lors de l'émergence de l'épidémie et le pourrissement de l'air. Il lui attribue également un agissement en cas de suprématie de certaines matières défectueuses qui altèrent les âmes et notamment: lors de l'effervescence du sang et de la bile noire de même que lors de l'excitation du sperme.
Les âmes diaboliques s'emparent du malade tant qu'aucun autre agent plus puissant que ces causes ne les aurait repoussées tel que l'invocation d'Allah, la prière adressée à Lui, la supplication d'Al­lah, Son imploration, l'aumône et la lecture du Coran. Allah a fait descendre pour cela des âmes angéliques qui vaincront ces âmes impures, aboliront leurs adversités et repousseront leur influence. Nous avons, avec bien d'autres, expérimenté ceci à maintes reprises et avons repéré dans la descente de ces âmes nobles et leur attraction une grande influence dans le renforcement de la nature et le repoussement des matières défectueuses avant leur consolidation et leur raffermissement et ceci provoquait toujours un résultat positif.
Celui à qui Allah a accordé le succès procède, lorsqu'il ressent les causes de l'infortune, aux agents qui les repoussent. Ceux-ci constituent pour lui un remède efficace.
Si Allah à Lui la puissance et la gloire veut exécuter son décret et sa prédestination, il rend le cœur de son serviteur insouciant afin qu'il ne s'aperçoive ni de leurs causes, ni de leur conception ni de leur effet tel qu'il ne les ressent guère et ne les désire guère afin qu'Allah veille à l'accomplissement de l'ordre qu'il avait décrété.
Nous expliciterons plus amplement cette acception, si Allah le permet, lorsque nous amorcerons le discours relatif à la cure par la magie, les incantations prophétiques, l'invocation d'Allah, la prière adressée à Lui et les actes de charité.
Nous expliciterons que le rang de la médecine des médecins par rapport à celle du Prophète est pareille à la médecine populaire et celle des vieux par rapport à la leur, conformément à la reconnais­sance de leurs chefs et les plus habiles d'entre eux.
Nous soulignerons également que la nature humaine réagit le plus intensément aux âmes et que les forces des incantations, des magies et des invocations d'Allah sont supérieures aux forces des médicaments et sont même aptes à abolir les forces des poisons meurtriers.
La visée de ceci est que le pourrissement de l'air fait partie de la cause complète, et de l'agent qui provoque la peste et que la détérioration de l'essence de l'air provoque l'épidémie.
La putréfaction de l'air est due à la défectuosité de son essence en raison de la suprématie de ces conditions défectueuses telles que la moisissure, la puanteur et la toxicité à n'importe quel moment de l'année, même s'il se produit. S'il se produit fréquemment à la fin de l'été et en automne, en raison de l'amassement des excès biliaires intenses et d'autres matières durant la saison d'été et sa préservation de la décomposition à la fin de la saison.
En automne, la froideur de l'atmosphère, la fondrière des matières fétides et des excès qui se décomposaient en été, se resserent, réchauffent puis moisissent et produisent les maladies pourries surtout si elles rencontrent un corps récepteur, flasque, peu actif et composé de multiples matières. Ce corps a peu de chance d'échap­per à l'avarie.
La saison la plus propice est la saison printanière. Hippocrate a dit: «L'automne témoigne des plus intenses et fatales maladies, quant au printemps, il est le plus salubre et le moins meurtrier». Les pharmaciens et les préparateurs des morts ont pris l'habitude de s'endetter et d'emprunter de l'argent durant les saisons du prin­temps et de l'été pour acquitter leurs dettes en automne car il est leur printemps; ils brûlent d'envie de le retrouver et se rejouissent de son avènement.
Dans un Hadith, ont été cités ces mots: «Lorsque l'étoile appa­raît, le fléau s'évanouit dans tout pays». Ces paroles prêtent à deux explications: d'abord, c'est l'apparition des Pléiades qui est visée ici ensuite, c'est l'apparition des plantes au printemps qui est voulue par là. Ces paroles d'Allah qu'il soit exalté: (Les étoiles et les arbres rendent hommage à Dieu) signifient que l'accomplissement de l'apparition de cette étoile et sa plénitude auront lieu au printemps, la saison dans laquelle les fléaux disparaissent.
Quant aux Pléiades, les maladies se multiplient durant leur apparition avec l'aube et au cours de leur chute.
Al-Tirmizi a mentionné dans son livre «La matière de la survie»:
«La période la plus dégradée de l'année et la période la plus adverse pour les corps se ramènent à deux:
D'abord, le temps où les Pléiades disparaissent à l'aube et ensuite, lors de leur montée à l'Est avant le lever du soleil sur le monde d'une phase de celles de la lune. C'est le temps de l'écoule­ment du printemps et de son expiration. Cependant, la dégradation qui escorte leur montée est moins pernicieuse que la détérioration qui émerge lors de leur disparition.
Abou Mohammed Ben Koutaïba a dit: «On dit que les Pléiades n'apparaissent et ne s'éloignent qu'en jetant un fléau parmi les hommes alors que les dromadaires sont plus intensément tarés au coucher de ces Pléiades qu'à leur montée.
Dans le Hadith, figure une troisième affirmation dont l'essentiel consiste à stipuler que l'étoile désigne les Pléiades et la calamité désigne le fléau qui affecte les plantes et les fruits durant l'hiver et en pleine saison printanière.
Ils ne seraient à l'abri de toute intempérie que lors de la montée
des Pléiades au moment indiqué. Pour cette raison, le Prophète, que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui, a prohibé la vente ou l'achat des fruits avant qu'ils ne soient exempts de tout fléau.
Notre objectif est d'exposer la méthode adoptée par le Prophète, que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui, en cas de peste.
(Chapitre): En interdisant à toute personne de pénétrer en territoire infecté, ou d'en sortir, le Prophète, que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui, a voulu esquiver son danger. Pénétrer en territoire infecté serait une exposition à l'épidémie et à son attaque. Ceci implique également un complot que l'homme trame contre lui-même, ce qui enfreint la loi divine et la raison.
Conjurer le danger en évitant d'accéder au territoire infecté constitue un évitement auquel Allah qu'il soit glorifié nous a guidés:
C'est l'évitement des lieux et des airs maléfiques.
L'interdiction établie par le Prophète, que la paix et la bénédic­tion d'Allah soient sur lui, de sortir d'un territoire pestiféré com­porte deux significations:
La première consiste à inciter les âmes à accorder leur confiance à Allah, s'en remettre à Lui et à se doter de patience pour accepter Ses prédestinations.
La deuxième signification concerne ce que les chefs éminents des médecins ont dit: que tout être évitant la peste doit extraire de son corps les humidités excessives, réduire la ration de nourriture et être enclin à prendre toute mesure qui épargnerait au corps l'humidité, excepté le sport et le bain qu'on doit considérer avec méfiance car le corps n'est pas souvent démuni d'un mauvais reste qui y couve et que le sport et le bain excitent et mélangent ce reste aux aliments que l'estomac avait bien digérés, provoquant ainsi une grande calamité.
Lorsque la peste s'affirme en un lieu, il faudrait recourir à la sérénité et à la quiétude et lénifier les humeurs. La sortie d'un territoire infecté nécessite la prodigation d'un énorme effort qui ne serait que nocif.
Telles sont les affirmations des plus illustres médecins et des tardatifs. L'acception médicale se récèle donc dans le Hadith pro­phétique concernant la cure du cœur et du corps et son efficacité.
Si l'on dit que ces paroles du Prophète, que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui: «Ne sortez pas pour fuir (la peste)» comportent la réfutation de l'acception que vous avez adoptée, est à noter que ces paroles n'interdisent pas la sortie du territoire infecté en raison d'un certain accident et n'empêchent pas un voyageur d'effectuer son voyage.
La réponse est la suivante: Personne n'a affirmé, médecin ou autre, que les gens abandonneront toute activité pour devenir inanimés. Il faudra plutôt réduire l'activité dans la mesure du possible. Celui qui fuit la peste ne prodigue l'effort que pour la fuir alors que sa sérénité et sa quiétude sont plus efficientes pour son cœur et son corps et rapprochent le souffrant d'Allah, le Très Haut et de sa soumission à l'arrêt divin. Celui qui ne peut aucunement se passer d'activité, tel que les artisans, les salariés, les voyageurs, les frileux et bien d'autres, n'est pas recommandé d'abandonner toute activité définitivement mais seulement les activités dont il n'a pas besoin telles que l'activité du voyageur pour fuir la peste. Et Allah est omniscient.
Plusieurs sagesses sont renfermées dans l'interdiction d'accéder à la terre pestiférée:
Premièrement, éviter les causes maléfiques ; deuxièmement, acquérir la bonne santé qui est la matière de la vie et de l'au-delà ;
troisièment, éviter d'inhaler l'air pourri et moisi pour ne pas tomber entre les griffes de la maladie ; quatrièment, éviter le voisinage des malades pestiférés afin de s'épargner la contagion.
Dans les «Sounans» de Abi Daoud, est cité: «Du voisinage (du malade) résulte l'avarie».
Cinquièment, éviter le mauvais augure et la contagion car les âmes subissent leur influence, vu que le mauvais augure ne s'abat que sur le pessimiste.
En général, l'interdiction d'accéder au territoire infecté com­prend la recommandation de la prudence et la prohibition de s'exposer aux causes de l'avarie. L'interdiction de fuir la peste contient la recommandation de s'en remettre à Allah, se soumettre et se confier à Lui. La première recommandation est discipline et éducation, la deuxième est confiance et soumission.
Dans le «Sahih» est rapporté le récit suivant: «Oumar Ben El-Khatab se rendant à Damas, rencontra Abou Oubayda Ben El Jarrah et ses compagnons à «Sargh»».
Ils l'informèrent alors que l'épidémie s'est emparé de Damas. Se concertant, Oumar dit alors à Ibn Abbass: Convoque-moi les plus anciens des Mohajirines. Une fois ceux-ci arrivés, Omar les consulta et leur dit: l'épidémie s'est abattue sur Damas. Leurs opinions se divergèrent et certains d'eux dirent: Vous vous êtes mis en route pour un objectif déterminé, vous ne devez y renoncer.
D'autres lui dirent: Vous avez à vos côtés les derniers survivants des compagnons du Prophète, que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui, et nous n'estimons point que vous devez les exposer à cette épidémie. Omar lui ordonna de le laisser, et il reprit: Convo­quez-moi les Ansars (les Médinois partisans du Prophète) et il les consulta. Ces derniers partagèrent l'avis des Mohajirines et connur­ent leurs mêmes divergences.
Omar leur demanda de le laisser et il poursuivit: Convoquez-moi les vieillards de Qoraich (tribu arabe), ceux qui ont émigré lors de la conquête (de la Mecque). En se présentant devant lui, ils lui conseillèrent unanimement de rebrousser chemin avec les gens pour éviter l'exposition à cette épidémie.
Omar s'adressa alors aux gens en ces termes: «Demain matin, je serai prêt sur ma monture, apprêtez-vous de même».
Abou Oubayda Ben El-Jarrah dit alors: «O prince des croyants! Fuirons-nous notre destin?» Omar rétorqua: Ah! Si quelqu'un d'autre avait dit ceci Abou Oubaïda! Oui! Nous fuyons le destin pour rejoindre le destin. Que pensez-vous si vous amenez vos chameaux dans une vallée qui a deux côtés dont l'un est fertile et l'autre stérile, si vous les menez paître dans la région fertile, vous le ferez par la prédestination d'Allah et si vous les menez paître dans la région aride, vous le ferez par la prédestination d'Allah.
Abdel Rahman Ben 'Août vint à ce moment après s'être absenté pour accomplir un besoin personnel. Il dit: J'ai quelques connais­sances à ce sujet car j'ai entendu le Prophète, que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui, dire: «Si vous vous trouvez en territoire pestiféré, ne le fuyez pas et si vous apprenez que la peste a éclaté dans un territoire, ne le pénétrez point».