5) Le remède utilisé par le Prophète se présente sous trois formes

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Catégorie : La Médecine Prophétique
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LA MEDECINE PROPHETIQUE

Par IBN QAYYIM AL JAWZIYYA

 

(Chapitre): Le remède utilisé par le Prophète, que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui, se présente sous trois formes:
- Le remède par les médicaments naturels, le remède par les médicaments divins et le remède composé des deux premiers.
Nous mentionnerons ces trois genres de remèdes adoptés par le Prophète, que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui, en commençant par les remèdes naturels qu'il a prescrits et utilisés. Nous exposerons ensuite les remèdes divins et composés.
Le Prophète d'Allah, que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui, a été envoyé en tant que guide appelant les gens à Allah et à Son paradis, en leur enseignant la nature d'Allah, leur montrant les œuvres qui leur procurent la satisfaction d'Allah en les leur recom­mandant, ainsi que les motifs de Son irritation, en les leur prohi­bant. Mohammed a également colporté les nouvelles des prophètes et des envoyés, l'état des relations qui les relient à leurs nations, les
(1) Abou Ali El Houssain [Ben Abdallah] Sina, le plus illustre des philosophes arabes dans le domaine de la sagesse rationnelle, naturelle et divine.
principes de l'éducation du monde, la question de la création et du rassemblement, l'infortune des âmes ainsi que leur félicité et leurs causes provocatrices.
Quant à la médecine des corps, elle est le fruit de l'accomplisse­ment de sa loi et destinée aux tiers de sorte à ce qu'elle soit utilisée en cas de besoin. S'il est possible de s'en passer, les efforts et les forces devront être orientés vers la cure des cœurs et des âmes, leur main­tien en bonne forme, l'évincement de leurs maladies, et leur protec­tion de toute corruption. Telle est la signification primordialement visée. La restitution du corps qui n'est pas parallèle à une restitution du cœur ne produira pas ses effets.
La détérioration du corps qui escorte la restitution du cœur n'engendre que les dégâts minimes, dégâts éphémères qui donnent lieu à un intérêt permanent et complet et c'est d'Allah qu'émanent les grâces!
 

 

 

PREMIERE PARTIE
 

Le traitement par les médicaments naturels

 


Chapitre premier:La cure de la fièvre


On trouve les deux «Sahihs» que Nafe' a rapporté d'après Ibn Amr que le Prophète, que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui, a dit: «La fièvre émane de l'enfer, refroidissez-la par de l'eau(1)».
Ces paroles ont attisé l'ambiguïté chez un nombre de médecins ignorants qui les ont considérées comme contraires au médicament de la fièvre et à sa cure. Nous éluciderons, par la force et la puissance d'Allah, la réalité de ces paroles: le discours du Prophète, que Allah lui accorde Sa grâce et Sa paix, revêt deux aspects: un aspect général à l'intention de tous les peuples du monde et un aspect spécifique visant une catégorie déterminée de personnes.
L'aspect général s'incarne dans les discours de Mohammed en général alors que l'aspect spécifique pourra être illustré par ces paroles proférées par le Prophète: «En satisfaisant un besoin naturel ne dirigez-vous pas vers la qibla ni qu'elle soit derrière vous plutôt orientez-vous vers l'Est ou l'Ouest».
Ces paroles ne sont guère prononcées à l'intention des peuples de l'Est ni de l'Ouest ni de l'Irak mais elles visent les habitants de Médine et des villes semblables: Damas et autres.
Tel est le sens de ses paroles: «Entre l'Est et l'Ouest, une qibla». Ce discours s'adresse spécialement aux habitants du Hijaz car la plupart des fièvres dont ils souffrent appartiennent à la catégorie de la fièvre ordinaire et accidentelle qui résulte de la chaleur intense du
(1) Les cas de fièvre intense se traitent par l'eau selon deux procédés:
a - De l'extérieur, sous forme de compresses froides ou glacées appliquées en vue d'atténuer le degré de la fièvre.
b - Boire une grande quantité d'eau durant les états de fièvre afin d'aider tous les organes du corps et notamment les reins à accomplir leurs tâches vitales.
soleil. Le moyen le plus efficace de les combattre sera l'utilisation de l'eau, en la buvant ou en s'y baignant. La fièvre est en effet une chaleur non ordinaire qui démarre à l'intérieur du cœur puis s'extér­iorise, grâce à l'âme et au sang qui coule dans les veines, se dissémi­nant à travers le corps entier. Elle s'y enflamme, portant atteinte aux actes naturels.
La fièvre se présente habituellement sous deux formes: la forme accidentelle qui résulte d'une enflure, d'un mouvement ou de la nocive chaleur du soleil, ou de la chaleur ardente etc... et la forme maladive qui se subdivise en trois catégories et qui n'attaque qu'un seul organe provoquant le réchauffement du corps entier. Si elle affecte l'âme, elle prend l'appelation de fièvre d'un seul jour car elle se dissipe fréquemment en un seul jour ou en maximum de trois jours.
Si elle affecte les quatre humeurs(1), elle s'appellerait: la fièvre putride et se présente sous quatre genres: bilieux, atrabilaire, pituitaire, sanguin. Si elle affecte les membres rigides, elle est appelée la fièvre légère.
Ces divers genres renferment plusieurs autres subdivisions.
Le corps pourra tirer de la fièvre un profit considérable que le médicament ne pourra lui apporter car la fièvre d'un jour et la fièvre putride constituent souvent un agent qui mûrit les matières épaisses qui ne se seraient pas mûries sans lui. Elles provoquent également l'ouverture des obstructions que ne pouvaient atteindre les médica­ments appropriés. Ces fièvres constituent à la conjonctivite un remède miraculeux et rapide, d'une utilité contre la paralysie, la paralysie faciale, le spasme résultant d'un excès et diverses autres maladies causées par les excès.
Quelques éminents médecins m'ont dit: on tire bon augure de la fièvre qui accompagne multiples maladies de même que le malade se réjouit de sa guérison. Dans de pareils cas, la fièvre est de loin plus efficace que le médicament car elle mûrit les mélanges et les matières pourries qui endommagent le corps. Si la fièvre mûrit ces matières, elles seront aptes à être extraites par le médicament. La fièvre constituera de la sorte un remède efficace(1)


(1) Les quatre humeurs du corps humain sont: le sang, l'atrabile, la pituite et la bile.

II est probable que ces paroles englobent la catégorie des fièvres accidentelles qui sont allégées en se trempant dans Peau froide et en buvant l'eau glacée. Le malade ne requerra aucun autre traitement car cette fièvre est un simple état de chaleur relatif à l'âme et dont l'extinction ne nécessite pas plus d'une condition froide qui l'habi­terait et éteindrait sa flamme sans avoir besoin de rejeter aucune matière ou d'attendre le mûrissement.
Il est probable aussi que ces paroles concernent toutes sortes de fièvres.
Galien, le plus éminent des médecins, a avoué que l'eau froide est efficace en cas de fièvre. Il a mentionné dans le dixième article de son livre «Le moyen de guérir»: «Si un jeune homme bien bâti, au corps fertile et ne souffrant d'aucune enflure dans les entrailles, en temps de canicule et en période de fièvre intense, fait une lotion avec de l'eau froide ou s'il y nage, il en tirera un grand profit. Galien a affirmé: «Nous recommandons ceci incessament».
Al-Razi a mentionné dans son livre: «Si la force est trop puis­sante, le fièvre trop intense et le mûrissement évident alors que ne se manifestent aucune enflure des entrailles et aucune trace d'hernie, l'absorption de l'eau froide sera d'un grand intérêt. Le malade qui jouit d'un corps fertile sera autorisé à utiliser l'eau froide de l'extér­ieur en temps de grande chaleur, s'il y est habitué».
Ces paroles du Prophète: «La fièvre émane de l'enfer» signifient l'ardeur de la chaleur et sa dispersion. De même que ces paroles:
«La chaleur intense émane de l'enfer» qui ont un double aspect.
Le premier: la fièvre par exemple dérive de l'enfer afin de guider les sujets d'Allah qui en tireront une leçon. Allah qu'il soit glorifié, l'a créée pour des raisons qui la provoquent, de même que l'âme,
(1) Certaines maladies chroniques: telles que le rhumatisme arthritique dans lequel les articulations se sclérosent, devenant incapables de se remuer ou la maladie vénérienne qui atteint le système nerveux, s'améliorent considérable­ment par l'intensification du degré de chaleur du corps (en cas de fièvre). Dans ces cas, entre dans le cadre du traitement médicale, la fièvre artificielle provoquée par l'injection de certaines substances dans le corps du malade.
l'allégresse, le contentement et la volupté font partie des délices du Paradis. Allah les a manifestés dans cette Demeure en tant que leçon et guide, de même qu'il a provoqué leur apparition par des raisons provocatrices.
Le deuxième aspect: la visée de ces paroles pourra être la compar­aison. Ainsi, a-t-il assimilé l'intensité de la fièvre à l'exhalation de l'enfer de même qu'il a comparé l'ardeur de la chaleur à l'émanation de l'enfer afin d'alerter les âmes des atroces châtiments du Feu et de les avertir que cette grande chaleur est pareille aux supplices de l'enfer, ce qui signifie: les conséquences qu'induit la proximité de l'enfer et de sa chaleur.
Al-Houmassi a dit: «Si la flamme de l'amour s'avive dans mon cœur, je recours à l'eau contenue dans les outres pour l'eteindre. Suppose que cette eau refroidisse son extérieur qu'est-ce qui calmer­ait le feu embrasé dans son intérieur?!»
Le conseil du Prophète de refroidir la fièvre par l'eau comporte deux aspects également. Le premier: cette recommandation inclut l'eau en général. Ceci est l'aspect correct.
Le deuxième: l'eau conseillée sera celle de Zamzam. Les parti­sans de cette affirmation ont donné comme prétexte ce que Al-Boukhari a mentionné dans son livre «Al-Sahih» racontant d'après «Abi Jamra Nasr Ben Oumran Al-Doubai»: «Je tenais compagnie à Ibn Abass à la Mecque lorsque la fièvre s'empara de moi. Il me dit alors: «Refroidis-la avec l'eau de Zamzam car le Prophète d'Allah, que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui, a dit: la fièvre émane de l'enfer, refroidissez-la avec de l'eau» ou suivant une variante: «par l'eau de Zamzam».
Le rapporteur de ce hadith y a douté. S'il l'aurait certifié, ceci constituerait un ordre aux habitants de la Mecque d'utiliser l'eau de Zamzam qui leur est disponible et aux autres d'utiliser l'eau dont ils disposent.
Les dissensions ont émergé entre les partisans du principe selon lequel l'eau que le Prophète recommandait était toute eau en génér­al. S'agit-il de donner l'eau en aumône ou bien de l'utiliser? Le sens le plus correct serait de l'utiliser. Je crois que celui dont l'attitude est favorable à considérer que l'utilisation de l'eau en cas de fièvre se
ramène à la donner en tant qu'aumône s'est heurté à une ambiguïté quant à son utilisation, son véritable aspect lui ayant échappé. Bien que son affirmation renferme un aspect positif illustré par le fait que la récompense correspond au travail. De même que la soif ardente est étanchée par l'eau froide, la flamme de la fièvre est calmée par Allah en tant que récompense conciliatoire. Ceci est induit à partir de la sagacité du Hadith et ses indications.
La visée de ces paroles est donc: l'utilisation de l'eau et non sa donation en aumône.
Abou Na'im et bien d'autres ont mentionné d'après un hadith prophétique rapporté par Anass: «Si l'un d'entre vous est frappé par la fièvre, qu'il s'asperge d'eau froide durant trois jours à l'aube».
Dans le «Sounan» de Ibn Majah, est mentionné d'après Abi Houraira: «La fièvre est de la soufflerie de l'enfer, écartez-la de vous par l'eau froide».
Dans le «Moussnad» et d'autres livres, est rapporté d'après les paroles de «Al-Hassan» d'après Samoura: «La fièvre est une partie du feu, refroidissez-la par de l'eau froide».
Le Prophète d'Allah, que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui, réclamait une outre d'eau à chaque fois que la fièvre l'atteignait. Il la viderait alors sur sa tête pour s'y baigner.
Dans le «Sounan», est rapporté d'après Abi Houraira: «On mentionna la fièvre en présence du Prophète, que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui, et un homme l'invectiva.
Le Prophète, que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui, dit alors: «N'injuriez point la fièvre car elle élimine les péchés comme le feu élimine la scorie du fer». La fièvre est suivie d'un régime concernant les aliments nuisibles et implique l'absorption de médi­caments et la consommation de nourritures utiles, contribuant de la sorte à la purification du corps et à l'élimination de ses impuretés et ses déchets, sa clarification de toute matière défectueuse et exerce sur lui l'effet du feu sur le fer en éliminant ses impuretés et en filtrant son essence. En raison de tout ceci, la fièvre peut être assimilée le plus adéquatement au feu de la soufflerie qui purifie l'essence du fer. Ce phénomène est connu par les médecins du corps. Quant à la
purification du cœur de ses déchets et ses saletés et l'extraction de ses impuretés par la fièvre, ceci est connu par les médecins du cœur tel que le Prophète, que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui, le leur a décrit. Cependant, la maladie du cœur dont la guérison devient inespérée ne sera point éliminée par cette cure.
La fièvre est utile pour le corps et le cœur. Un facteur aussi bénéfique ne pourra être l'objet d'injustice et d'inimitié.
Alors que je souffrais de la fièvre, me vinrent à l'esprit les vers de quelques poètes qui l'ont invectivée: l'expiatrice des péchés m'a visité puis a levé ses voiles. Malheur à elle! Quelle convive et quelle partante insupportable. Elle demanda, résolue à errer dans la terre.
- Que désires-tu? Je répliquai que tu ne retourne guère! - Je me suis alors dit: Malheur à ce poète! Il a injurié ce que le Prophète, que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui, a défendu d'injurier.
S'il avait dit: l'expiatrice des péchés a visité son amoureux. La bienvenue soit-elle: convive et voyageuse. Elle demanda, résolue à errer dans la terre:
- Que désires-tu? Je répliquai: que tu ne partes guère. اa aurait été mieux valu pour lui, et elle l'aurait quitté indubitablement. Ainsi, m'a-t-elle quitté rapidement.
Il a relaté dans une tradition dont j'ignore le degré d'authenti­cité: «Fièvre d'un jour expiatrice d'un an». Cette expression re­nferme deux acceptions: La première signifiant que la fièvre est susceptible d'affecter tous les organes et toutes les articulations qui sont au nombre de trois-cent soixante articulations. La fièvre rachète, en référence au nombre de ces articulations, les péchés d'un Jour.
La deuxième acception signifie que la fièvre influence le corps de façon durable, y laissant des effets qui ne s'effacent pas totalement qu'après l'expiration d'une année. Il en fut ainsi mentionné dans ces paroles du Prophète, que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui: «Celui qui boit le vin n'aura sa prière acceptée durant quarante jours». L'effet du vin persiste dans les entrailles du sujet d'Allah, dans ses veines et ses membres durant quarante jours.
Et Allah est omniscient. Abou Houraira a dit: «II n'est pour moi de maladie plus préférée que la fièvre car elle pénètre dans chacun de mes organes et Allah qu'il soit glorifié, accorde à tout organe sa part de gratification».
Dans son livre «Al-Jame'», Al-Tirmizi a mentionné d'après Rafé Ben Khadij que le Prophète - que Allah lui accorde grâce et paix - a dit: «Si la fièvre, qui est une partie du feu, saisit l'un d'entre vous, éteignez-la avec de l'eau froide et qu'il ait recours à une rivière coulante. Qu'il reçoive la coulée de l'eau après l'aube et avant le lever du soleil. Et qu'il dise: «Au nom d'Allah, Allah, guérissez votre sujet et corroborez les paroles de votre envoyé. Il doit ensuite s'y plonger trois fois durant trois jours. S'il ne se rétablit pas à ce moment, il sera guéri au cours, de cinq jours sinon, au cours de sept jours. La fièvre ne demeurera plus de sept jours, si Allah le permet!»
Je me suis dit: «Ceci est bénéfique durant l'été et dans les pays chauds s'il est appliqué conformément aux conditions précitées».
L'eau en ce temps-là est plus froide que d'ordinaire à cause de son éloignement du soleil et la profusion des forces à ce temps-là, ayant bénéficié du sommeil, de la sérénité et de la fraîcheur de l'air.
La force des énergies ainsi que la force de l'eau (l'eau froide) se rallient contre la chaleur de la fièvre accidentelle ou bien la fièvre tierce qui n'induit aucune tumeur ni aucun symptôme nocif ni aucune matière pourrie et l'éteignent, si Allah le permet, notam­ment durant l'un des jours indiqués dans le Hadith et qui sont les jours où les divagations se produisent fréquemment en raison de l'accuité des maladies, surtout dans les pays indiqués à cause de la fragilité des quatres humeurs de leurs habitants et la rapidité de leur réaction au médicament utile.