La multiplication des serments

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Catégorie : Fatawas Sheihk Bin Baz
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La multiplication des serments.

Q : Un de mes proches jure beaucoup que ce soit pour dire la vérité, ou pour des mensonges. Quel est le regard de la religion sur cela ?

R : Il faut le conseiller et lui dire d’éviter de beaucoup jurer, quand bien même il dit la vérité, conformément à la parole d’Allah le Très-Haut :

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« Allah ne vous sanctionne pas pour la frivolité dans vos serments, mais Il vous sanctionne pour les serments que vous avez l’intention d’exécuter. L’expiation en sera de nourrir dix pauvres, de ce dont vous nourrissez normalement vos familles, ou de les habiller, ou de libérer un esclave. Quiconque n’en trouve pas les moyens devra jeûner trois jours. Voilà l’expiation pour vos serments, lorsque vous avez juré. Et tenez à vos serments. »[1],

et le hadith du Prophète, prière et salut d’Allah sur lui :

« Allah ne parlera pas, ne regardera pas, ne purifiera pas trois types de personnes, et ceux-ci auront un châtiment douloureux : un vieux fornicateur, un pauvre orgueilleux, un homme qui a pris Allah comme marchandise : il n’achète et ne vend qu’en prononçant des serments. »[2]

Et on faisait l’éloge des arabes parce qu’ils juraient peu, comme a dit le poète :

Il profère peu de serments et tient sa promesse

S’il dit une chose, il s’y tient.

Il incombe au croyant de ne pas jurer beaucoup, même s’il dit la vérité, car la multiplication des serments peut entraîner le mensonge.

Il est évident que le mensonge est interdit, d’autant plus s’il est accompagné d’un serment. Par contre, en cas de nécessité ou s’il y a un intérêt réel, il n’y a pas de mal à mentir, conformément au hadith du Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, selon Um Kalthûm bint cUqba ibn Abîl-Mucit, qu’Allah l’agrée :

« Ne fait pas partie des menteurs celui qui réconcilie les gens en disant du bien ou en colportant du bien. »

Um Kalthûm a dit : « Et je ne l’ai vu permettre le mensonge que dans trois cas : la réconciliation, la guerre, les propos entre les époux. »[3]

Par exemple, pour réconcilier les gens, il dit aux deux antagonistes : « Par Allah, tes amis cherchent la réconciliation et veulent que les rangs s’unissent… » Il n’y a pas de mal, dans ce cas, de faire un serment mensonger, si l’intention est pour le bien et la réconciliation.

De même, s’il voit une personne qui veut tuer une autre ou lui porter préjudice, et qu’il lui jure qu’il est son frère afin de sauver l’autre, sachant que l’oppresseur, après ces paroles, par respect pour lui, n’exécutera pas son dessein.

En principe, tous les serments mensongers sont interdits, sauf s’il y a un grand intérêt qui prévaut sur le mensonge, comme les trois cas cités dans le hadith précédent.



[1] La Table Servie, v. 89.

[2] At-Tabarânî dans Al-Kabîr (6111), dans Al-Awsat (5577), dans As-Saghîr (2/21). Al-Haythamî dans Al-Mujammac (4/177) a dit : « At-Tabarânî l’a rapporté dans Al-Kabîr, avec des rapporteurs remplissant les conditions du Sahîh. »

[3] Al-Bukhârî  dans le chapitre de la réconciliation (2692), Muslim dans As-Sahih dans le chapitre du bon comportement et des liens (2605).